Pour souligner que le mois de mars fête la journée des femmes, la Chaire souhaite partager avec vous des témoignages de femmes œuvrant en sciences et en génie afin de démystifier ces professions et présenter des modèles de femmes qui étudient ou qui s’accomplissent professionnellement en sciences et en génie. Voici le quatrième témoignage du mois, Laura Paradis-Fortin étudiante en chimie.
Dans quel domaine faites-vous vos études et quel est votre sujet de recherche?
Tout d’abord, j’ai fait un baccalauréat en chimie et une maîtrise en génie chimique, tous deux à l’Université de Sherbrooke. Depuis peu, je fais un doctorat en chimie physique en codirection entre l’Université de Caen en Normandie et l’Université de Rennes 1. Ça fait très loin pour la petite fille de l’Abitibi que je suis, mais quand je suis tombée sur ma thèse, je savais que je n’avais pas le choix de faire le grand saut et de déménager sur le vieux continent. Ma thèse porte sur la synthèse et la caractérisation de nouveaux matériaux thermoélectriques de type chalcogénures.
Pourquoi avoir choisi le domaine des sciences ou le génie ? Qu’est-ce qui a provoqué un déclic en vous ?
J’ai un syndrome du déficit de l’attention assez prononcé, il me fallait donc choisir un domaine ultra-stimulant et non routinier. Faire de la recherche en science est un métier tout indiqué pour les personnes de mon genre : en plus de mettre à bon escient notre imagination hors borne, nos erreurs d’inattention peuvent mener à des découvertes (à condition de consigner ses erreurs toutefois!).
Qu’est que vous vouliez faire quand vous étiez petite ?
Dès mon plus jeune âge, mon père physicien m’a initié aux merveilles de la science et a émoustillé ma curiosité. D’ailleurs, j’avais le droit de faire tout, mais absolument tout ce dont j’avais envie, à condition que je lui fournisse un protocole détaillé. De plus, il m’avait laissée transformer ma chambre en « laboratoire de chimie »! J’ai donc su très tôt que j’allais être une scientifique-chercheure, sauf que toute petite je voulais être biologiste puisque naturellement comme tous les enfants j’adorais la nature et les animaux. Je me souviens qu’à l’époque je disais que je voulais être naturiste hahaha (naturiste= expert de la nature non?).
Aviez-vous un modèle féminin à qui vous vouliez ressembler lorsque vous étiez plus jeune, que ce soit enfant ou adolescente?
Comme je considère que je suis encore une p’tite jeune, je vais répondre à la question au présent (je fais ce que je veux c’est mon entrevue haha!). J’ai des idoles féminines depuis récemment; ce sont les deux musiciennes du groupe rock Deap Vally. Encore plus qu’en science et en génie, le monde de la musique rock est réservé aux hommes. Je trouve ça très empowering de voir des femmes faire de la bonne musique rock et donner des shows un peu trash. De plus, la batteuse Julie a eu un bébé l’année passée et cela ne l’empêche pas de partir en tournée avec sa petite, c’est une mamma rockstar!
Quels sont vos passe-temps ?
Dans mes temps libres, j’adore aller voir des shows de musique, je suis journaliste musicale pour un petit magazine en ligne qui s’appelle Thorium Mag. J’adore manger et boire, au point que c’en est un culte! Je m’entends donc très bien avec les Français, on ne perd pas de temps pour enligner apéro après apéro ainsi que de délicieux repas arrosé de bonnes vieilles bouteilles de vin. Ah oui, parfois il arrive aussi que mon copain me force à faire du sport.
Quel est votre plus grand rêve ?
Je rêve d’un monde meilleur! J’aimerais que tout le monde ait accès à de l’eau potable et de la nourriture, j’aimerais aussi qu’il y ait une meilleure gestion des ressources naturelle. En attendant, je me conforte en me disant que je travaille pour améliorer la génération / régénération d’énergie avec mes super matériaux thermoélectriques!
Quelles sont vos plus grandes fiertés sur le plan personnel et professionnel ?
Je dirais que je suis assez fière d’avoir eu le courage de venir poursuivre un doctorat à l’étranger. Déjà que de faire une thèse est une grosse décision le fait de déménager outremer loin de toute ma famille est de mes amis n’a pas été un choix facile. Je sais que j’ai fait le bon choix, parce que je ne me suis jamais sentie aussi épanouie!
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux jeunes filles pour les encourager à s’intéresser aux sciences et au génie ?
J’encouragerais les filles de la même façon que j’encouragerais les garçons : en leur posant des questions sur la matière qui les entoure. Personnellement, je crois que s’il y a moins de femmes que d’hommes en science et en génie, c’est dû au fait que les garçons et les fillettes ne sont pas stimulés de la même façon. Aux petites filles, on offre des jeux développant l’aspect émotionnel et relation sociale, tandis qu’aux garçons des jeux développant la création et la logique. Mon conseil irait donc plutôt aux parents ainsi qu’aux enseignants; stimulez les enfants sur tous les aspects, peu importe leur genre. C’est la meilleure façon de leur permettre de découvrir leurs intérêts et de s’épanouir.